On confond souvent les deux : arthrose et arthrite. Les mots se ressemblent, les douleurs aussi… mais ce sont en réalité deux maladies articulaires différentes, avec des causes, des mécanismes et des traitements spécifiques.
Comprendre ces différences est essentiel pour mieux parler avec son médecin, choisir les bons traitements et adapter son mode de vie.

Dans cet article, nous allons voir :

  • ce qu’est l’arthrose,
  • ce qu’est l’arthrite,
  • leurs symptômes spécifiques,
  • leurs causes,
  • les examens pour les diagnostiquer,
  • et les grandes lignes de leur prise en charge.

1. Arthrose : une maladie d’usure de l’articulation

L’arthrose est une maladie dégénérative des articulations. On parle souvent de « rhumatismes d’usure ».
Concrètement, c’est l’usure progressive du cartilage qui recouvre les extrémités des os au niveau des articulations.

1.1. Le cartilage qui s’abîme

Le cartilage articulaire agit comme un coussin lisse et amortissant.
Avec le temps, des contraintes mécaniques répétées, un surpoids, des traumatismes ou des défauts d’alignement peuvent l’abîmer.
Quand le cartilage s’use :

  • les surfaces articulaires deviennent irrégulières,
  • les os frottent davantage,
  • des douleurs mécaniques apparaissent,
  • l’articulation peut devenir rigide et déformée.

1.2. Les articulations les plus touchées

L’arthrose touche surtout :

  • les genoux (gonarthrose),
  • les hanches (coxarthrose),
  • la colonne vertébrale (rachis),
  • les mains (interphalangiennes, base du pouce).

Elle est plus fréquente après 50 ans, mais peut apparaître plus tôt après un traumatisme ou un surmenage articulaire.

2. Arthrite : une inflammation de l’articulation

L’arthrite est avant tout un processus inflammatoire.
L’articulation est le siège d’une réaction inflammatoire qui peut avoir différentes causes : auto-immune, infectieuse, métabolique…

2.1. Une articulation « enflammée »

Dans l’arthrite, la membrane synoviale (qui tapisse l’intérieur de l’articulation et produit le liquide synovial) devient inflammatoire.
Cela provoque :

  • douleurs inflammatoires,
  • gonflement (œdème),
  • chaleur,
  • parfois rougeur,
  • raideur importante surtout le matin.

2.2. Différents types d’arthrites

Le mot « arthrite » englobe plusieurs maladies :

  • polyarthrite rhumatoïde (maladie auto-immune),
  • spondyloarthrites (dont la spondylarthrite ankylosante),
  • arthrite psoriasique,
  • arthrite goutteuse (goutte),
  • arthrite infectieuse (bactérienne, virale…).

Certaines formes peuvent toucher plusieurs articulations à la fois et s’accompagner de symptômes généraux : fatigue, fièvre, altération de l’état général.

3. Arthrose vs arthrite : les principales différences

Pour bien distinguer arthrose et arthrite, on peut comparer plusieurs éléments : douleurs, âge, aspect de l’articulation, examens, évolution.

3.1. Type de douleur

  • Arthrose : douleur mécanique
    • apparaît surtout à l’effort, à la marche, en montant ou descendant les escaliers,
    • est soulagée au repos,
    • s’intensifie en fin de journée.
  • Arthrite : douleur inflammatoire
    • présente au repos, parfois la nuit,
    • souvent plus forte en se réveillant le matin,
    • associée à une raideur matinale prolongée (plus de 30 minutes).

3.2. Raideur matinale

  • Arthrose : raideur au lever mais courte, se dissipant généralement en quelques minutes.
  • Arthrite : raideur longue, parfois plus d’une heure, l’articulation met du temps à « se dérouiller ».

3.3. Gonflement et chaleur

  • Arthrose : l’articulation peut être légèrement gonflée, parfois déformée, mais sans chaleur importante ni rougeur marquée.
  • Arthrite : l’articulation est souvent gonflée, chaude, parfois rouge au toucher, signe de véritable inflammation.

3.4. Âge et contexte

  • Arthrose : plus fréquente chez les personnes âgées, en surpoids, ou ayant beaucoup sollicité leurs articulations (sports intensifs, travail physique).
  • Arthrite : peut toucher des adultes plus jeunes, parfois des sujets de 20–40 ans (ex. polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthrite).

3.5. Un ou plusieurs articulations ?

  • Arthrose : souvent localisée à une ou quelques articulations (genou, hanche…).
  • Arthrite : peut être polyarticulaire (plusieurs articulations en même temps), parfois de manière symétrique (ex. polyarthrite rhumatoïde aux mains).

4. Les causes : usure vs inflammation

4.1. Causes de l’arthrose

Les principaux facteurs de risque de l’arthrose sont :

  • l’âge,
  • le surpoids,
  • les traumatismes articulaires (fractures, entorses graves),
  • certaines malformations ou désaxations (genu varum/valgum),
  • le surmenage (sports, métiers physiques),
  • des antécédents familiaux.

Il s’agit d’un processus d’usure et de dégénérescence du cartilage, parfois accéléré par l’environnement et le mode de vie.

4.2. Causes de l’arthrite

L’arthrite peut être due à :

  • un mécanisme auto-immun (le système immunitaire attaque l’articulation),
  • une infection (bactérienne, virale, post-infectieuse),
  • un dépôt de cristaux (goutte avec acide urique, chondrocalcinose avec cristaux de calcium),
  • une autre maladie systémique (psoriasis, maladies inflammatoires intestinales, etc.).

Ici, c’est l’inflammation qui est au premier plan, souvent liée au système immunitaire.

5. Comment pose-t-on le diagnostic ?

Le diagnostic repose sur :

5.1. L’examen clinique

Le médecin observe :

  • le type de douleur (mécanique ou inflammatoire),
  • l’aspect de l’articulation (gonflement, chaleur, déformations),
  • la mobilité,
  • la présence de signes généraux (fièvre, fatigue).

5.2. Les examens d’imagerie

  • Arthrose : la radiographie montre
    • un pincement de l’interligne articulaire,
    • des ostéophytes (becs osseux),
    • une densification de l’os sous le cartilage.
  • Arthrite : la radio et éventuellement l’IRM peuvent montrer
    • une inflammation de la synoviale,
    • des érosions osseuses,
    • un épanchement articulaire.

5.3. Les examens sanguins

  • Dans l’arthrose, la prise de sang est souvent normale.
  • Dans l’arthrite, on peut trouver :
    • un syndrome inflammatoire (VS, CRP élevées),
    • des auto-anticorps (facteur rhumatoïde, anti-CCP dans